Longtemps j’ai cherché à avoir un beau jardin, bien rangé, bien nettoyé mais le mien était si désordonné. Envahi. La terre ne me semblait fertile que pour les mauvaises herbes qui dominaient sur le sol.
Mon temps était occupé pour ce que je croyais être obligatoire. C’était contraignant, énervant et tellement épuisant. La liste des tâches ne diminuait jamais ! Alors j’engageais du personnel : on venait arroser avec telle essence que m’avait suggéré un professionnel, on intervenait pour faire des nettoyages de choc,… J’ai cherché des multitudes de solutions pour confier mon jardin, j’ai exigé qu’on en prenne soin,… rien n’y fit. Oh j’ai même essayé de planter encore et encore, tout ne prenait vie qu’éphémèrement, et qu’en surface. Je n’ai été que déçue.

Et puis un jour, j’ai choisi. J’ai choisi d’accorder du temps à mon jardin.

J’ai d’abord dû l’observer. Faire l’état des lieux. J’ai vu que bon nombre de mauvaises herbes proliféraient ci et là, que la terre se montrait nue parfois, que quelques couleurs ne demandaient qu’à ressortir. Et peu à peu, j’ai pris soin de lui. Il a fallu prendre soin des mauvaises herbes aussi ! Il y a la superficielle, celle qui aussitôt qu’on la gratouille, laisse place à une terre douce et heureuse de retrouver le petit brin de lumière qui lui manquait… Il y a l’herbe qui prend tant de place sur la surface du sol sur laquelle elle repose. Elle nous semble si imposante et envahissante. Lorsqu’on s’en approche et qu’on l’observe avec un peu plus d’attention, on s’aperçoit qu’elle prend racine à un seul endroit. En le visitant, on peut retirer sa racine, son origine. Il y encore la mauvaise herbe qui pique quand on s’en approche. Celle que l’on n’ose aborder, de peur d’avoir mal. Elle trône dans notre jardin avec pour force, la douleur qu’elle alimente. Il suffit néanmoins de l’accueillir, de la regarder avec bienveillance, et d’admettre qu’elle fait partie intégrante du jardin, et que sans elle, il n’aurait pas sa propre identité.
Oui le jardinage, peut être le jardinage du cœur. Car lorsque les mauvaises herbes qui semblaient envahir ont été soignées, enlevées, traitées ou encore acceptées, la place est faite à la terre fertile. Prête à accueillir des graines de l’extérieur, mais celles aussi que j’ai choisi de planter dans mon intérieur si fertile.
Quelle joie de voir croître ces fleurs qui embellissent mon quotidien avec couleur, douceur et splendeur.
Et les mauvaises herbes alors ? Et bien comme sur chaque terre fertile, la vie prend forme. Les mauvaises herbes apparaissent, ci et là, au milieu des fleurs. Mais lorsque tout est fleuri, il est aisé de s’y attarder et de les traiter au fur et à mesure qu’elles arrivent. Et il y aura toujours les mauvaises herbes dont la racine mérite d’être entendue pour pouvoir s’en aller paisiblement. Ce qui compte est de planter, de semer. De prêter attention à chaque petite pousse, pour savoir si oui ou non on veut la nourrir et la laisser grandir. Et d’arroser, d’arroser chaque jour de tendresse et d’Amour. Envers soi, envers SON jardin.
Et le jardin des autres alors ?
L’entretien de son jardin est un travail à temps plein. Qu’il est bon en revanche partager nos graines, les lancer avec générosité dans le jardin des autres, tout en sachant qu’il appartient à chacun de nettoyer et de prendre goût à arroser. Peut-être que les graines germeront, peut-être pas. Notre responsabilité réside dans notre jardin uniquement. Dans notre intérieur.
Au jardin de sa vie, rien est simple mais tout est riche. J’ai compris que j’étais la perle, la solution qui pouvait rendre mon jardin le plus beau à mes yeux. Que moi seule était responsable de le nettoyer, de l’entretenir, mais aussi de l’admirer et de le contempler avec reconnaissance.
Prendre soin de son climat intérieur demande de choisir d’y accorder du temps, de l’attention dans la tendresse et l’Amour. La bienveillance et la patience. Parfois les racines de ce qui nous fait souffrir ici et maintenant sont si profondément ancrées, que cela demande de s’y attarder, de les accueillir sans jugement. On en prend soin, et parfois elles se métamorphosent, changent, évoluent, s’adoucissent. Oui les mauvaises herbes font partie du jardin, et nos chagrins, nos impuissances, nos colères, nos peines de nos vies. N’est-ce pas là la plus belle qualité du genre humain, que de pouvoir vivre ses émotions et leur laisser une place, qu’importe leur nature ?
J’ai pour ma part pris goût au jardinage intérieur. J’ai compris que s’occuper des mauvaises herbes permettait de laisser une place à un terrain fertile, prêt à accueillir du beau, du neuf, du sain et dans une dynamique d’Amour inconditionnel. J’ai aussi intégré que parfois la cicatrice est là et demeure. Que seule ma perception de celle-ci a changé et que c’est en cela que réside toute la différence. J’ai accepté qu’elle faisait partie de moi et que sans elle, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Et pour être là aujourd’hui et maintenant avec cette force et cette envie de jardiner, je ne peux que lui en être reconnaissante.
La découverte de la psycho-kinésiologie m’a permis de prendre conscience que j’étais responsable de mon jardin, de mon état intérieur.
Je vois les fleurs s’épanouir, et les graines se semer autour de moi et cela me réjouit beaucoup.
